vendredi 17 octobre 2008

La dernière fois que j'ai vu Hilda ACTE III

ACTE III
Le salon
Hilda en robe d'intérieur froufroutante, et Vincent
HILDA
Je t'assure que je suis navrée, mon chou. Et comme je ne savais pas où te joindre au téléphone, je n'ai pas pu te décommander ... Et elle débarque dans une demi-heure.Voilà !
VINCENT
Qu'est-ce qu'elle a pris comme bateau ?
HILDA
Un bateau ! On n'est pas au Havre, ici. Elle débarque chez moi !
Elle tape du pied en montrant le sol :
Là, avenue d'Iéna !
VINCENT, boudeur
Ah, je vois ...
HILDA
Je me le demande, tu es tellement myope ! Et pourquoi tu fais cette tête-là ?
VINCENT
Pour rien, pour rien... Et elle atterrit ... euh ... elle débarque comme ça, en t'informant à la dernière minute ? C'est louche !
HILDA
Qu'est-ce qui est louche ?
VINCENT
Tout est louche dans cette histoire. Une soi-disant nièce qui tombe du ciel; tu peux pas l'encadrer, mais ça t'empêche de me laisser tomber pour la balader. Tu me renvoies dans mes foyers - je ne compte pas mes frais - et tu l'emmènes dîner royalement...où ça déjà ?
HILDA
A l'Auberge du Maupertu, avenue de la Motte-Picquet. Ca va, comme ça ?
VINCENT
Dis-moi ... comment elle est ? Décris-la moi très vite, comme ça, au débotté.
HILDA
Peuh ... Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
VINCENT, triomphant
Et toc ! En plein dans le mille ! Je t'ai eue, là. Tu ne sais même pas de quoi elle a l'air, ta fameuse nièce ... Dis donc, ce ne serait pas un neveu plutôt, à la mode de Bretagne ... et qui va te manger le plus clair de ton temps ?
et en aparté :
... de ton temps et de ton argent ...
HILDA, marchant dans la pièce
Eh là, eh là, ne nous emballons pas. Qu'est-ce que ça signifie ?
Elle se tourne vers lui, l'index pointé dans sa direction :
Mais ... mais dis-moi, tu es jaloux, c'est ça ?
Et tout attendrie :
On l'aime tant que ça, sa petite Hilda ? Mais c'est charmant, ça, Madame...
Se reprenant, le ton ironique :
Il faut dire qu'elle paye bien, la petite Hilda, rubis sur l'ongle. Jamais de retard. Et même pas de carte de crédit ...
VINCENT
Jamais de pourboire non plus, et tarif abonnement, ce qui limite mon pourcentage, forcément ... Ah, il faut vraiment que j'aie un faible pour toi. Tu pourrais au moins le reconnaître !
Elle vient vers lui et l'embrasse :
Je le reconnais, je le reconnais, là ... ! Et moi aussi je t'adore.
Elle s'assied et lui prend la main :
Alors écoute-moi bien. Juliette est la fille de ma soeur qui est morte il y a cinq ans d'une cirrhose du foie, alcoolisme mondain, tu vois, tout n'est pas drôle dans notre milieu. La mère a bu une grande partie de sa fortune et la fille a dilapidé le reste en voyages impossibles dont elle est revenue lisse comme un oeuf, voilà ! Juliette est une chipie et une bonne à pas grand-chose. A vingt-cinq ans elle n'a jamais rien fait de ses dix doigts !
VINCENT fait une moue prononcée, la tête sur le
côté, le menton en avant.
HILDA
Qu'est-ce qu'il y a ? Mais qu'est-ce que j'ai dit ? Oh voyons chéri, que tu es susceptible ! Ne prends pas ça pour toi ! On peut travailler autrement qu'avec ses mains ... Qu'est-ce qu'on peut faire, par exemple ? Eh bien, on peut chanter, ou faire chanter aussi. Enfin, il y a un tas de choses qu'on peut faire sans se servir forcément de ses mains et je ne dis pas ça pour toi, d'accord ? Allons, regarde-moi ...
Un silence boudeur, puis il se retourne vers elle.
HILDA
Ben voilà ! Donc ma Juliette a enfin trouvé un petit job comme aide-soignante à la Pitié-Salpêtrière ...
Elle pouffe :
Pitié pour les malades, car comme salpêtre, il n'y a pas mieux que Juliette !
VINCENT
A ce point-là ?
HILDA
Et même au-delà ! Enfin ... Elle s'est déniché un petit studio dans le secteur. Ca fait loin, jusqu'à l'avenue d'Iéna et ça m'arrange car je n'ai pas l'intention de la fréquenter assidûment. Restaurant ce soir mais après, bon vent ... Elle héritera, c'est déjà bien suffisant.
VINCENT
De tout ?
HILDA
Eh oui, de tout. Je n'ai pas d'autre famille, alors !
VINCENT (hésitant)
Et physiquement, elle est comment ?
HILDA
Pas mal, pas mal. Grande, avec la bouche en avant, toujours l'air prête à manger. Tu vois ?
VINCENT, morose
Je vois ...
HILDA
Pourquoi cette question ?
VINCENT
Simple curiosité professionnelle, tu penses !
HILDA Elle se lève et pointe l'index
dans sa direction
Aucun intérêt pour toi, petit ! Elle n'est pas vieille, elle n'est pas laide, elle n'est pas riche. Et fauchée, compte sur moi pour qu'elle le reste longtemps. Je m'incrusterai jusqu'à quatre-vingt dix ans rien que pour l'embêter. Alors, tu vois, ce n'est que d'ici quarante ans environ qu'elle risque de passer cliente ! Aucun intérêt, je te le répète !
VINCENT
Mais qu'est-ce que tu vas chercher ?
HILDA
Ah, c'est que je te connais mon loup ! Après six mois, forcément.
Elle s'approche et lui tape sur la tempe à petits coups de son index replié :
Tu vois, on toque et ça fait gling-gling là-dedans. C'est plein de louis d'or
cette petite tête-là !
VINCENT
N'exagère pas, je ne couvre même pas les frais.
HILDA, en riant :
Parce que tu as des frais, toi ? Des frais professionnels ? Du matériel à amortir, à entretenir ... à renouveler, peut-être ?
VINCENT
Plaisante pas là-dessus Hilda. Tu sais pas toi, tu es si riche ... Dis-moi, je prendrais bien une petite coupe de Dom Pérignon, pour me changer les idées, pour me consoler de ma soirée perdue ...
HILDA
Ah non plus le temps. Elle va arriver d'une minute à l'autre et je ne veux pas qu'elle te voie. Ma vie privée ne regarde que moi. Allez, file et viens demain à la même heure ...
Il ne bouge pas.
HILDA
Ah pardon, excuse-moi...
Elle va prendre son portefeuille
et sort un billet qu'il s'empresse
de faire disparaître
HILDA
Non, non, ne proteste pas ! Ce n'est pas ta faute si tu n'as pas pu faire tes heures aujourd'hui. Allez, à demain.
Elle le pousse dehors. On l'entend
refermer la porte d'entrée.
Puis elle retourne s'asseoir, prend sur
la table un carnet et un stylo :
HILDA
Tous après mon Dom Pérignon. Cest une manie ! Bon ... J'ai encore deux minutes ... Voyons voir : six mois à raison de 4 heures par mois. Non, qu'est-ce que je raconte. 4 heures c'était le premier mois. J'ai doublé la mise le mois d'après et décuplé le troisième ... Oui c'est ça, puisqu'il vient tous les jours , sauf le week-end. Il fait un mi-temps complet, quoi !
Un silence
C'est qu'il me plaît, ce petit ... Il a un charme fou dans la conversation ... plus une calculette dans chaque muscle. Et Dieu sait qu'il en a, des muscles. Alors, bonjour les rabais ! Donc, je disais ! 80 euros x 4 + 80 euros x 8 + 80 euros x 40 et x 4 ça nous fait 320 +640 + 12.800, égale
13.760 euros.
Je ne calcule pas mal non plus, moi ...
Ce n'est pas donné, mais à ce tarif-là, je pourrais quand même m'offrir les mille et une nuits, ce qui ferait, euh ... 8 heures x 1001 x 80 euros, soit 640.720 euros, un peu plus en comptant l'augmentation du coût de la vie ...
On entend le carillon de l'entrée
Hilda dépose son carnet sur la table :
La voilà, quelle plaie ! Compte sur moi pour un agréable séjour !
On la voit sa diriger vers le vestibule.
Les lumières s'éteignent

les états d'âme de Jean-Pierre Raffarin

Triste pavane pour un ancien premier ministre dont les agitations et les formules contestables ont été bien lourdes à supporter sans grande contrepartie pour le peuple.
Mais voilà que M.Raffarin affiche, sans la moindre pudeur, ses humeurs, amertumes et désirs de vengeance (concrétisés d'ailleurs) parce qu'il a été, Dieu merci, évincé par ses pairs de la présidence du Sénat.
Au lieu de s'incliner avec grâce devant le score affligeant qui lui a été infligé et de se souvenir du vieil adage : "l'homme sage est celui qui connaît ses limites", Jena-Pierre s'insurge, tempête, menace, exige... Il apparaît pourtant bien évident que notre paysage politique n'a pas un besoin vital de ses "menus" services et pourrait se passer de lui sans aucun dommage, au contraire !
La Droite ne tire pas gloire d'un tel comportement, que même son prochain déplacement avec le président ne fera pas oublier, et la Gauche a raison de s'en gausser comme le fait d'ailleurs la grande majorité des Français.
Cosette Sablong

les états d'âme de Jean-Pierre Raffarin

mercredi 15 octobre 2008

La dernière fois que j'ai vu Hilda acte II

ACTE II
Le même salon - La grande horloge marque 18 heures.
Hilda, tailleur Chanel et sautoir de perles, va et vient
nerveusement, déplace des objets ici et là, redresse une
fleur, allume une cigarette tout en monologuant
HILDA
Ma parole, mais qu'est-ce qui m'arrive ? Me voilà toute chose. Ce n'est pourtant
pas mon premier rendez-vous... Mais il faut admettre que cette affaire-là sort de l'ordinaire. Programmer ses ébats avec un inconnu, ça n'arrive quand même pas
tous les jours ...
On entend le carillon de l'entrée
Hilda sursaute, une main sur le coeur. Elle
court arranger ses cheveux devant le miroir,
puis se dirige vers la porte menant au vestibule.
On l'entend pousser le verrou, ôter la chaîne et
ouvrir la porte d'entrée.
HILDA d'une voix empruntée)
Bonjour, bonjour ... Vous êtes sans doute Vincent, du moins je le suppose ?
VINCENT, une voix jeune, gouailleuse
Ben oui ! Pourquoi ? Vous attendiez quelqu'un d'autre ?
Ils entrent au salon, elle devant. On la sent tendue.
Vincent a vingt-cinq ans environ. Il est beau, grand
et blond, très bronzé, en jean et chemisette ouverte,
une médaille d'argent au bout d'une chaîne sur
sa poitrine, une mallette de cuir à la main.
HILDA, se tournant vers lui
Non, non ... Tiens, vous êtes bien plus grand que sur la photo ...
VINCENT
Y'a que le buste sur la photo !
HILDA, bafouillant
Justement ... Il y a des bustes qui en disent long ...
Il lui envoie une claque sur les fesses
VINCENT
Mais c'est pas ça le plus important, hein ma cocotte ?
HILDA, avec un mouvement de recul
et un cri horrifié
Dites donc, comment osez-vous ? Je vous préviens que ce n'est pas du tout mon
genre. Alors mettez vos mains derrière votre dos et pas de familiarités, compris ?
Il rit, pose sa mallette, regarde autour de
lui en sifflant d'admiration
VINCENT
C'est pas mal chez vous ! Y'a pas à dire, c'est même plutôt chouette.
Il désigne une vitrine :
J'aime bien ces trucs-là !
HILDA, en aparté
Mes ivoires, il appelle ça des trucs ! Ca ne va pas mieux ...
puis tout haut :
Merci ... Asseyez-vous, je vous en prie. Je vais vous servir quelque chose.
Il s'assied sur un fauteuil, mais au bord,
l'air en visite.
HILDA
Vous prendrez bien une tasse de thé ?
VINCENT
Du thé ? Pour quoi faire ?
HILDA, en aparté
Quel abruti, à la fin ! Pour le boire, pardi !
et tout haut :
Vous n'aimez pas le thé ? Un café peut-être ?
Il la regarde, éberlué.
Elle commence à perdre pied, s'énerve :
Ou un whisky alors ? Je ne sais pas ... Faites un effort !
Il hausse les épaules, pose les mains
sur les accoudoirs, prêt à se lever
VINCENT
Je veux bien moi ! J'aime autant me mettre au boulot tout de suite. J'ai qu'une
heure, vous savez.
Elle rit, va vers le miroir pour se donner
une contenance, lui jette un coup d'oeil
ironique
HILDA
Dois-je me déshabiller ou troussez-vous les dames en remontant simplement leurs jupes ?
VINCENT, sans relever l'ironie
Oh moi, ça m'est égal, vous savez. C'est comme vous voulez ! Après tout, c'est vous
qui envoyez la monnaie !
Elle se met à macher à travers la pièce,
prend un livre, le dépose, redresse un bibelot,
repart.
Il suit des yeux chacun de ses mouvements,
tournant la tête en cadence, à gauche puis à droite.
HILDA, irritée, en aparté
J'ai l'impression qu'il guette un signal. Il faut tout faire soi-même alors ? Et en plus ça va me côuter cent euros !
Elle se tourne vers lui, brusquement :
Vous savez, mon petit, les dames d'un certain âge ont de petites habitudes. Elles
ne font pas ça comme le gamines d'aujourd'hui. Il faut quand même un minimum
de préparation. Vous ne pouvez pas ignorer ce détail, vous le spécialiste !
VINCENT, piqué
Bien sûr que je l'sais. Vous êtes marrante, vous ! Mais comment vous voulez que je
fasse ? Vous arrêtez pas d'aller et venir. Mettez-vous au lit et vous verrez le
travail !
Elle éclate d'un rire scandalisé, une main
devant la bouche.
Il élève le ton, furieux :
C'est vrai, quoi ! J'ai toute ne clientèle de petites vieilles, et elles sont contentes.
Elles se plaignent jamais.Les jeunes non plus d'ailleurs. J'ai toujours des pourboires. C'est une preuve, non ?
HILDA, en aparté
Il a la cervelle grosse comme mon ongle. Et encore, pas celui du pouce. Le petit
doigt fait largement l'affaire !
et tout haut :
Pourquoi les jeunes ? Elles n'ont aucune raison de payer leur plaisir ?
VINCENT
Alors là, j'suis pas d'accord. Y'en a qui sont tellement moches qu'on a envie de leur mettre un oreiller sur la tronche. Mais là, je demande double tarif, vous pensez bien !
HILDA, en reniflant
Ca devient inquiétant, ici ... Des petites vieilles et des jeunes moches. Vous me situez où, dans tout ça ?
VINCENT
Ben... entre les deux, disons. Pas tout-à-fait vieille, mais pas moche non plus, au
contraire, je dirais !
HILDA
Ah bon, je prends ça pour un compliment ?
VINCENT, les mains levées
Eh là, doucement ... J'vous vois venir, vous, avec vos gros sabots. Un p'tit rabais par-ci, une p'tite remise par-là... Non, non, pas question ! Surtout que votre catégorie, c'est pas la plus facile. Ca a de ces exigences, j'vous dis pas. Et c'est d'un
pervers ! Faut suivre, j'vous jure !
HILDA
Dites donc, c'est ça votre mise en condition ? Bravo ! On vous apprend quoi, dans
votre école ?
VINCENT
C'est pas une école, c'est une agence, Madame ! On nous apprend un tas de choses, sur le comportement, le maintien, le choix des mots, la distinction ...
Rire moqueur de Hilda
Il poursuit :
Et puis tout sur la ... psycho ... le ... psychologisme féminin. La différence entre pub et méno !
HILDA,
Pardon ?
VINCENT
Parfaitement, pub et méno, puberté et ménopause. Cest pas pareil Madame, faut connaître !
HILDA, en pouffant
Non ?
VINCENT, très énervé
Seulement, avec des jacasses comme vous, même Casanova aurait déclaré forfait !
HILDA, regardant l'heure
Bon, écoutez, ça suffit comme ça. Gardez votre salade, j'irai faire mon marché ailleurs. Il y a des limites, jeune homme !
Elle va fouiller dans son sac :
Tenez, voilà 25 euros. C'est bien payé pour une demi-heure de causerie. Et quelle
causerie ! Beau travail, je suis épuisée. Vous pouvez être fier de vous.
Elle va ouvrir la porte donnant sur le
vestibule :
Ciao Vincent. Pas contente de vous avoir connu !
VINCENT, ne bougeant pas
Alors là, je dis non. Non, Madame. Ce serait trop facile. Vous êtes une malhonnête, une tricheuse, mais moi je ne marche pas. J'ai un contrat. Je le remplirai, de gré ou de force !
HILDA
Vous oseriez ?
VINCENT
J'suis là pour ça ! Mais vous énervez pas ... vous énervez pas ...
Il prend la mallette et l'ouvre :
Z'allez voir, j'ai de quoi vous calmer, moi !
HILDA, s'approchant, curieuse :
Là-dedans ?
VINCENT, fouillant dans la mallette
Là-dedans ! Tous les goûts et toutes les époques !
Il brandit triomphalement plusieurs cassettes,
les dépose sur la table, les reprend une à une.
HILDA, reniflant, déçue :
C'est tout ?
VINCENT
Attendez, pour voir l'effet ... Alors, qu'est-ce que vous préférez ? Tino Rossi : Petit Papa Noël ... ça fait un peu Noël ! Berthe Silva : Les roses blanches ... C'est trop triste, ça ! Ah voilà : Piaf, Mon légionnaire, hein ? Tout ça c'est votre époque ! C'est très vieux, mais j'aime bien le classique, moi !
HILDA
Goujat !
Vincent va vers la chaîne HIFI, introduit la
cassette. La voix de Piaf s'élève en sourdine.
Hilda est au milieu de la pièce, désemparée,
à secouer la tête. Il vient vers elle, la prend
par la taille, l'entraîne :
Viens ma poule ! Je suis sûr que la chambre est par là et je suis sûr aussi que c'est
du François XV, mais comme je dis toujours, j'ai rien contre le classique, au contraire.
Hilda résiste en vociférant :
Mais non, mais vous êtes fou, lâchez-moi !
Il arrive à ses fins, referme la porte de la
chambre. Leurs voix parviennent, atténuées...
HILDA
Non, mais ... Je vais appeler au secours !
VINCENT
Pas la peine. Je suis là. Tout va bien, poupée...
HILDA, decrescendo
Je vais hurler, je vais hurler, je vais hurler ...
VINCENT
Mais oui, mais oui, c'est pas grave, bébé. A Paris, au mois d'août, ça ne gêne personne ... Et puis, je déteste pas !
On entend Hilda éclater de rire, puis glousser.
Et tout se tait.
Les lumières s'éteignent.

dimanche 14 octobre 2007

acessibilité de mon blog

Chose absolument incroyable, je n'arrive pas à savoir pourquoi la référence à mon blog n'apparaît pas sur ma page web Cosette Sablong. Et ce n'est pas faute d'avoir demandé, insisté, harcelé l'équipe qui me renvoie toujours à des généralités préétablies, le plus souvent libellées en anglais.
Je ne sais pas non plus à quoi me sert mon adresse URL, puisqu'AUCUNE DES PERSONNES AUXQUELLES JE L'AI COMMUNIQUEE N'Y A ACCES.
Si quelqu'un peut me renseigner, qu'il soit béni car je déprime devant ce parcours du combattant. J'ai, bien sûr, ouvert d'autres blogs, mais je voudrais réqoudre la présente énigme !
Merci d'avance à vous
Cosertte Sablong

jeudi 11 octobre 2007

La dernière fois que j'ai vu Hilda

comédie policière inédite en sept actes de Cosette Sablong (déposée au S.N.A.C. - syndicat national des auteurs et compositeurs).
UN ACTE PAR JOUR

ACTE I

Un salon cossu : cheminée blanche, meubles anglais
fauteuils de cuir profonds, divan vieil or, horloge de
parquet XVIIème


Des lumières douces...


Deux personnages entrent : une femme en robe du soir et superbes bijoux, la
cinquantaine encore attirante, un homme également en tenue de soirée (il est
plus jeune - environ 35 ans, d'une élégance raffinée)


Ils se laissent tomber dans des fauteuils.
HILDA , ôtant ses escarpins avec ses pieds
Ouf ... Je n'en peux plus ...Que ces gens-là sont assommants. Partout les mêmes têtes, les mêmes mots, les mêmes banalités. Juste la qualité du champagne et du caviar qui varie, et encore dans le mauvais sens . Ils m'épuisent ...
JACQUES
A propos de champagne, je prendrais bien une coupe. Un Dom Pérignon, tiens HILDA
Comme si tu en avais déjà vu un autre chez moi . Allez, fais le service, tu sais bien qu'il y en a toujours au frais.
Jacques bondit sur ses pieds et se dirige à pas pressés vers une porte donnant sur la cuisine. On entend un cliquetis de verres...
HILDA, en aparté
Quel enthousiasme ... S'il se précipitait comme ça dans la chambre à coucher, je n'aurais vraiment pas à me plaindre ... C'était quand, la dernière fois ? Trois semaines au moins. Quand il ne souffre pas de sa hernie, il est fatigué, et quand il n'est pas fatigué c'est sa sciatique qui le torture. A son âge . S'il croit me faire avaler des couleuvres encore longtemps . Tiens, on va voir ce qu'il va inventer ce soir
JACQUES, revenant avec un plateau garni qu'il
dépose sur une table basse entre les fauteuils, se frottant les mains :
Tiens Hilda chérie, ça va nous remettre d'attaque
HILDA, le regardant verser le champagne
D'attaque ? Tu as l'intention d'attaquer quelque chose ... ou quelqu'un, peut-être ? Si c'est le cas, je te signale que le champ de bataille est à côté
(Elle désigne du doigt une porte qui fait face à celle du salon)
JACQUES en se rasseyant, précautionneux tout-à-coup, une main sur la hanche droite, avec une grimace de douleur :
Tu te moques, et méchamment . Tu sais bien que ma sciatique n'est pas guérie. Je souffre comme un possédé.
HILDA
Ah bon ? Jacques, tu veux que je te dise ? Tu es tout simplement grandiose. Je ne t'ai jamais vu danser comme ce soir. Si ... Si... Une aisance, une souplesse, une
élégance... Du courage, quoi . C'est surtout vers l'avant que tu balançais bien. Dans le décolleté de la petite Clara. Il est vrai que la petite Clara est à la hauteur. Elle animerait un centenaire, celle-là ... ou un rhumatisant, ce qui revient au même.
JACQUES vidant sa coupe sans répondre
d'abord, s'en servant une autre, l'air renfrogné, puis d'un ton plaintif :
Hilda, je ne te comprends pas certains jours. Qu'est-ce qu'il y a ?
HILDA s'étirant d'un air las
Rien ... ou si, soyons honnêtes. Je me pose beaucoup de questions depuis quelque temps. L'ennui, tu vois mon Jacques, c'est que je connais toutes les réponses. C'est triste, tu ne trouves pas ? Je deviens une veuve triste. Riche mais triste. Ce n'est pas incompatible, avoue ?

JACQUES en haussant les épaules

Tu deviens surtout compliquée. C'est à peine croyable ...

HILDA (elle pose sa coupe, lève la tête, le fixe, articule sèchement) :

Jacques, j'ai décidé de changer de vie

JACQUES avec un rire forcé

Changer de vie, allons bon ; Et ça consiste en quoi, hein ? Hilda, tu m'étonneras toujours.

HILDA
Je vais t'étonner bien plus encore. Ecoute ça : je vais faire une donation à Juliette. Mon argent me complique décidément trop l'existence. Cette petite est ma seule famille. Elle a vingt-cinq ans et pas un sou devant elle. C'est à son âge qu'on a des besoins, plus au mien. Je garderai de quoi vivre décemment. Il va falloir qu'on se restreigne ...
Il la regarde, bouche ouverte, prend une cigarette d'un geste nerveux, n'arrive pas à faire fonctionner son briquet, jure entre ses dents .
HILDA
... et que tu changes de joujou. Fini la Rolls. Une Clio fera l'affaire ou une Smart, à la rigueur ...
JACQUES levant les mains d'un geste horrifié
Non pas ça . Alors là, non, pas tant que j'aurai un souffle de vie
HILDA

Mais si, mais si ... Tu verras, on s'y fait ... Des milliers de gens se transportent de cette façon-là, alors pourquoi pas toi ? Et puis ...prêt-à-porter et plat du jour, comme tout le monde ...
JACQUES
C'est toute l'estime que tu as pour moi ? Me confondre avec le vulgaire, la populace, la valetaille ? Mais enfin Hilda, qu'est-ce que je t'ai fait ?
HILDA, en aparté
Peu de chose en, vérité, pour ainsi dire rien depuis des semaines. Et moi, l'immobilité m'insupporte, surtout quand elle me coûte cher ...
JACQUES la voix vibrante de colère
Réponds . Pourquoi tu me traites comme ça ? Tu sais pourtant combien je tiens à toi
HILDA, en aparté
Ouais, ouais, ouais ouais ...
puis tout haut :
Moi aussi, mon petit Jacques, je tiens à toi et je vais te le prouver. Tu m'as dit plusieurs fois que tu voulais m'épouser ?
Elle tend la main vers lui, par-dessus la table, d'un geste noble :
Ce soir je t'offre ma main. Ce sera une main sans or et sans argent, une main vide, mais c'est la mienne et je pense que tu seras heureux de l'accepter, depuis le temps que tu me la demandes
( Il baisse la tête, garde le silence, ignore le bras tendu qu'elle ramène avec dignité)
HILDA
Je comprends que tu sois surpris. Tout cela semble très soudain, mais il y a longtemps que j'y pense et je ne changerai pas d'avis à propos de Juliette. Jamais. J'ai déjà vu le notaire.
JACQUES
Je ne te crois pas. ou alors tu es devenue folle, folle à lier. Voyons, tu aimes l'argent autant que moi. Et je ne te vois pas faisant tes courses à Carrefour ou Auchamp ...
HILDA
Moi si . Ce doit être grisant de se mêler au petit peuple, aux gens de la rue ...
JACQUES, enragé
Tu nous vois, dans une H.L.M. ?
HILDA
Oui, oui ... Plus de problèmes d'entretien de domesticité, de cours de la Bourse. Plus aucun souci
JACQUES
Je te préviens que tu ne m'enfermeras pas dans un taudis. Quitte à accepter la prison, je l'exige dorée
HILDA en aparté
Tiens, tiens ... Ce n'est pas une preuve, ça ?
et tout haut :
Calme-toi mon Jacques, calme-toi ...
Il se lève et va vers la porte qui donne sur le vestibule.
HILDA
Jacques ?
Il se retourne, renfrogné.
HILDA
Tu sais, j'ai trouvé notre idylle charmante, au début, quand j'y croyais ... Jacques, dis-moi : qu'est-ce que tu as aimé en moi, à par mon compte en banque ?
JACQUES, revenant vers elle et lui baisant la
main, tendrement :
Ta beauté, Hilda, ta beauté et ta fraîcheur ...
HILDA, rayonnante
Oh Jacques, comme c'est charmant . Merci de me dire ça ...
JACQUES, se relevant, ironique
Ta beauté et ta fraîcheur d'âme, évidemment . Il fallait avoir l'âme belle et fraîche pour y croire pendant deux ans, à ton âge ...
HILDA, se levant et désignant la porte
Mufle ! Dehors, tu m'entends ? Dehors
JACQUES, tournant les talons
Avec plaisir, ma chère
Il disparaît dans le vestibule puis on entend claquer violemment la porte d'entrée.

HILDA (elle se rasseoit et se verse une coupe de champagne)

Et voilà . C'est ce qui s' appelle une exécution.

un long soupir :

Plus souvent que je donnerai mon argent à Juliette, cette peste qui me traite de "vieille taupe". Qu'elle se débrouille ... N'empêche, il a bien marché, le beau Jacques. Et le voilà bien dépourvu ...

Elle se lève, s'approche d'un secrétaire, y pose les deux mains, pensive :

Il est dépourvu et moi je suis seule, ce qui est bien pire. Mais j'étais seule de toute façon. Il ne faisait même plus semblant. Quand il montait, ce n'était plus que pour le champagne ou le whisky...

Elle ouvre à clé l'un des tiroirs du secrétaire, se baisse, allonge son bras, en retire une sorte d'album rouge à reliure glacée, retourne s'asseoir confortablement, ouvre l'album :

HILDA

"L'AMOUR A L'HEURE" - Plaisir assuré - tarifs préférentiels aux abonnés ... Seigneur ... Agence Polignac - Discrétion absolue -

un soupir

Miséricorde, qu'est-ce que j'ai été chercher ...

Elle tourne les pages une à une, lentement ...

HILDA

Une galerie de minets. Qui veut un minet ? Choix à domicile. Le principe de la Redoute en quelque sorte. Satisfait ou remboursé ... Enfin ça c'est un point à vérifier , pour 80 euros de l'heure ...

Un silence - Elle continue de feuilleter :

Et tous des yeux prometteurs ... forcément. Des vrais chiens de luxe ... Elle referme l'album, le dépose sur la table, fait quelques pas agités dans la pièce, se rasseoit, le reprend, revient à la cinquième page

HILDA

C'est décidément le numéro 5 que je préfère. Il est mignon ce blondinet ... Pas très intelligent, à première vue, mais ce n'est pas la qualité qu'on lui demande, après tout. Il ne viendra pas pour me commenter Saint-Simon... Et quitte à payer, j'en aurai pour mon argent, ce qui n'était plus le cas depuis longtemps ... Et puis plus de questions à me poser. Au moins, celui-là, je saurai avec certitude le pourquoi de ses visites.

Elle se lève, traverse la pièce, va se regarder dans le grand miroir qui surmonte le secrétaire

HILDA

Tu n'as pas honte, Hilda ? C'est ce qu'au Grand Siècle on aurait appelé des appétits immodestes. Enfin, du moment que tu as de quoi les satisfaire sans rien demander à personne, où est le mal après tout ? Et puis, c'est toujours ça que Juliette n'aura pas ...

A DEMAIN POUR LE SECOND CHAPITRE










mercredi 10 octobre 2007

L'ouverture à gauche de Nicolas Sarkozy

Cette ouverture à gauche crée, à mon sens, deux problèmes :

En premier lieu il faut préciser qu'à aucun moment de sa campagne présidentielle Nicolas Sarkozy n'a abordé ce thème. C'est donc prendre, aussi bien les membres de l'U.M.P. que ses électeurs, par tromperie en quelque sorte, en les mettant devant le fait accompli ou plutôt le fait du prince.

En second lieu, lorsqu'il ne cesse de répéter qu'il n'a aucune raison de se passer des talents de la Gauche, il laisse forcément sous-entendre que lesdits talents font défaut à son camp, ce qui est éminemment déplaisant pour ses amis mais encore davantage pour ses électeurs, qui, loin des jeux pervers de la politique, se retrouvent du jour au lendemain face à de nombreux ministres et "chargés de mission" recrutés parmi les ténors de l'opposition ! On pense, bien sûr, à la voie royale tracée au profit de Dominique Strauss-Kahn (dont les mérites, évidemment ne sont pas en cause), aux ministres déjà en place et à la fournée annoncée. Jack Lang, paraît-il, halète d'impatience ! C'est tout dire ...

C'est lorsqu'un président tombe dans de tels excès, s'y complaît et s'y opiniâtre, qu'il convient de se souvenir que la roche tarpéienne n'est pas loin du Capitole !
Persévérer et signer avec ne insistance déplacée, à mon avis, équivaut à une sorte de provocation permanente envers ceux qui l'ont porté au pouvoir et dont la patience ne sera pas éternelle.

Je suis déçue, mais en nombreuse compagnie. C'est rassurant pour l'avenir !